Édito

La docte ignorance

Tomates rouges à la russe ou yogi dans son jus !

Connaissez-vous cet axiome apprécié des mystiques : à chaque fois que l’on progresse, notre ignorance augmente, car le mystère s’épaissit. La connaissance nous rapproche de l’indicible et du mystère. C’est pour cela qu’il y a aussi un yoga de la connaissance (jnâna yoga), qui vient se confondre dans la pratique, qui elle, est sans attente, sans illusion.

Par

Cet été, nous vous invitons à une danse yogique et martiale (Voir la séance « santosha à la plage ») qui peut se faire dans les bois, sur l’herbe ou sur votre tapis… Santosha, c’est accepter les limites du corps, le manque de force, de mobilité, de souplesse, d’équilibre, accueillir ce que l’on est. Cette sensation, cette écoute silencieuse du corps, se ressent à la manière des Indiens du Dakota, pour qui le mot « nature » n’existe pas car elle est indissociable d’eux-mêmes, ils ne se sentent pas séparés d’elle. Ils font corps avec la montagne, les arbres, la mer et les plantes, prennent soin d’eux.

La méditation sur l’eau (Voir Partir p. 9) est aussi une invitation à ne faire qu’Un avec l’environnement, avec le paysage sonore autour de vous. C’est déjà un premier pas sur la voie du sentir dont parle Robert Eymeri (voir la rencontre).

Nous avons conservé un crâne de 1500 cm3, surgi il y a 50 000 ans avec l’homo sapiens, mais il est dur comme le bois ! N’aurions-nous pas perdu le fil qui nous relie au vivant se demande Nâgârjuna nous invitant à retrouver cet esprit du débutant (voir la tradition). Nous ne savons plus toujours pourquoi l’on existe. Notre vision, notre rapport à la nature, au naturel serait faux. Ce serait cela, la prise de conscience écologique, comprise aussi dans sa dimension intérieure, où un mental apaisé arrêterait de se voir séparé du reste du monde. Il y a 7000 ans, avec les villes, les États, les grands ensembles, ont émergé des individus singuliers. Certains aiment croire que nous serions à l’aube d’une nouvelle humanité. L’actualité nous en éloigne !

« La préparation et le repas lui-même s’inscrivent dans
une posture de gratitude. Notre pratique vise à
éclairer le monde »
WooKwan, experte mondiale
coréenne de « la cuisine des temples », censée « mener au goût de l’éveil »
Cité dans Cuisine Spiritualité. Récits de chefs, moines, cueilleuses et bouddhistes zen de Véronique Zbinden.
Éd. Stock. 2023. 19.90 €

Mais revenons à plus simple. Que pensez-vous de la métaphore du yoga avec les superaliments ou mieux avec la fermentation (voir Dossier), ce process culinaire de conservation-transformation magique, simple à réaliser à la maison. L’individu est enfermé dans son bocal, attentif à son intériorité, à sa respiration. Des milliards de bactéries agissent dans le silence, développent des probiotiques et des vitamines. Laissez mariner un bon moment à bonne température. Ouvrez le bocal : une bonne odeur se dégage et dégustez sans modération. Cela ressemble à la soupe primitive !

La vérité est dans cette simplicité-là, dans cette cuisine spirituelle . Retrouvons l’innocence qui n’est pas simplification, mais ouverture. Permettons-nous d’être un ignorant conscient, un imbécile heureux,
sans rien à faire, sans trop penser, au moins pour ces deux mois d’été.

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AY&A