La mudra du soleil qui se couche
L’art nous tient à coeur dans un journal qui tente, mois après mois depuis 23 ans, de raconter de mille façons ce que peut être un art de vivre.
Certes, nous comprenons mieux qu’il s’agit probablement d’un «savoir être», d’une autre façon d’être au monde, éventuellement d’une voie d’éveil (Voir p.18-19). Mais à l’inénarrable nulle certitude, nulle recette. L’on n’est pas tenu d’être trop précis. La technique du sfumatto convient parfaitement pour dire la création, l’art d’être, de vivre et de faire, l’importance du corps et de la main qui touche et vibre avec le vivant, dans le monde qui est le nôtre.
L’art est «une spiritualité non religieuse» nous dit Fabrice Midal et la créativité, une énergie vitale, qui s’apprend dès l’enfance.
Elle se nourrit de pratiques, d’attention et de présence. C’est le propos de la séance du mois, «Renouveau énergétique», proposée par Hajer et Raphaël, que nous sommes heureux d’accueillir. Merci à Cath et Serge de nous avoir si bien accompagnés pendant plus de 2 ans
Se mettre en résonance avec la chose artistique, nécessite une puissante intériorisation, de faire le vide, de se placer en posture d’ouverture et de mettre le mental à sa place. Le vide est rempli d’énergie nous disent les taoïstes et les yogi dans leur intuition millénaire, confirmé depuis par la science.
Certains sentent pour la création un appel, ce désir de goûter sa saveur. La fréquentation des musées n’a jamais été aussi importante.
D’ailleurs la nature n’a pas horreur du vide et l’art apporte ce supplément d’âme qui le rend humain, dans sa relation à la liberté et au sacré.
Il est une invite à reconnaître la beauté, la force d’être en vie, d’être sa propre lumière, simplement. Vivre entouré de belles choses, près de grands arbres en fleurs et de buissons ardents. Une nuit qui tombe, un silence qui se lève, voir pousser les mauvaises herbes entre les cailloux, manger, respirer encore et encore, ce souffle miraculeux que le yoga enseigne. Un verre, une assiette qui nous plaît. Un objet familier qui contient pour nous un monde, un cristal, un Ganesh, un caillou, une relique,
un souvenir, un ami, un enfant, une chanson … Savoir être heureux.
L’art est aussi thérapeutique ; sa fréquentation comme sa pratique induisent le temps du «prendre soin», qui est accompagnement et soigne nos souffrances.
Il est tout sauf une distraction. Il n’est pas fuite ni échappatoire, ni même une idée mais un face à face avec la vie, avec la réalité.
Il n’accepte aucune autorité, ni dogme ni croyance. Il est singulier, personnel. Certains sont alchimistes et transforment la terre noire en cygne blanc, une fois émaillée (Voir 24-26).
Il peut aussi être un projet politique dans la transition écologique ou un acte de résistance contemplatif. Et nous sommes tous des artistes, Chère lectrice, Cher lecteur, des artisans, car, au quotidien, nous posons chaque jour une pierre d’une oeuvre collective. C’est le sens de vivre ensemble.
Avec ou sans oeuvre, car l’oiseau ne laisse pas de trace dans le ciel !
