Édito

Être humain

La première victime d’une guerre, c’est la vérité, paraît-il. Dans ce journal, ni guerre ni paix ni vérité. Pas de victime non plus. Mais du sens, de la distance, des histoires, du lien, du féminin, du masculin, de la science, de la nourriture, de la pratique, des témoignages, des êtres humains en recherche d’un état d’équilibre dans notre monde.

Par

Selon les médecins ayurvédiques, le premier indicateur de cet état est l’enthousiasme, une émotion qui génère l’impulsion, donne l’élan, la direction, le rythme et le mouvement, et à ce titre proprement féminine. Elle donne cette dynamique puissante de réalisation, de construction, de transmission, liée à notre énergie vitale, à Shakti, à la terre, à la prakriti (voir tradition ).
Maitri est portée par un enthousiasme communicatif dans tout ce qu’elle entreprend, tantôt en leggings tantôt en sari (voir la rencontre p. 6-8). Rien n’existe par hasard, ni la jupe ni le pantalon ! Elle nous dit : « Si une femme est née dans un corps féminin, il doit y avoir un sens. C’est uniquement en respectant les lois et les « envies » de l’Univers  que l’on peut retrouver de l’harmonie et s’épanouir chacun selon sa nature. La femme puise son énergie de la Terre Mère, c’est une énergie maternelle, elle est celle de la matérialisation et de l’incarnation. Un homme lui se nourrît de l’énergie venant d’en haut, amenée par l’air, c’est une énergie spirituelle, celle de l’idée. »
C’est ce goût-là, cette couleur terre, cette saveur (rasa) que nous avons recherchée en cuisinant ce numéro, pour finalement comprendre que la sagesse indienne ancestrale et la biologie nous disent depuis longtemps, que tout ce qui existe provient de cette union Shiva – Shakti et qu’il est important de réconcilier ces deux pôles, avec plus d’équité et d’amour.

« Il est grand temps de passer d’une société orientée vers les choses à une société orientée vers les êtres »
Martin Luther King Jr., Discours prononcé à New York le 4 avril 1967

Si aujourd’hui, en Occident, sans doute par intuition et discernement, les femmes sont si nombreuses à pratiquer et à danser (voir p. 21), Krishnamacharya et son fils Desikachar ont été précurseurs en Inde pour leur enseigner le yoga. En témoigne Laurence Maman, elle aussi pionnière (voir Dossier du mois). Bien sûr, le chemin est long pour effacer les traces d’un androcentrisme rampant et violent, tissé serré à tous niveaux dans notre culture et parvenir à ce que Marion nomme la femme joyeuse. Des cercles d’hommes se forment, au risque de l’authenticité et de la différence (voir p. 9). Le Yang ne s’oppose pas au Yin, qui prend son temps, où les postures sont tenues, immobiles, d’où émerge la vie.
Au-delà de l’énergie propre à notre sexe, il y a toujours le projet de devenir des « êtres humains complets» et libres, celui qu’Ariane Buisset appelle de ses vœux.
L’âge d’or de la femme et de l’homme est à venir.
On peut rêver, n’est-ce pas !

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AY&A