Nous sommes les enfants de lumière.

Nous naissons, vivons et mourons dans un bain de lumière naturelle et artificielle. […]. La puissance et la beauté de la lumière sont au fondement de notre existence. La lumière donne « à voir ». Transmise par nos yeux au cerveau, elle donne aussi à penser, et se trouve ainsi liée à l’esprit. À la fois onde et particule, parce que sa propagation n’est pas instantanée et que voir loin, c’est voir tôt, la lumière connecte l’homme à tout l’univers… Mais il convient de ne pas oublier que la lumière est plus que la matière : elle rélève aussi du spirituel. Turner, Monet, Cézanne donnent à la nature une âme. En s’affranchissant des formes pour laisser la prépondérance aux couleurs, Kandinsky invoque la nécessité intérieure de l’artiste pour utiliser l’art aux fins de faire la synthèse des mondes intérieur et extérieur et d’aboutir à la grande loi cosmique. Cet intérêt spirituel pour la lumière, les traditions religieuses du monde entier l’ont porté au plus haut point. L’homme se définit par la représentation qu’il se fait de la lumière. Qu’elle soit d’ordre scientifique, technique, artistique ou spirituel, c’est cette approche de la lumière qui nous permet d’être humains. »

Extrait (p. 761-2) – Les voies de la lumière. Physique et métaphysique du clair-obscur de Trinh Xuan Thuan. Éd.. Fayard. 2007.