
Il y a encore peu de temps, IA, IA ou hi han, hi han (en français) représentait le braiement de l’âne, un de nos animaux fétiches, celui qui dit «oui», au-delà des épreuves, non pas un «oui» de soumission, mais celui d’un esprit libre. L’homme enviait à l’animal cette capacité de vivre dans l’instant présent, ne voulant rien d’autre que s’ébattre brouter, se reposer, ruminer. Nous nous sommes éloignés de la nature, et aujourd’hui nous surinvestissons dans ce qui est mental et dans les outils qui peuvent augmenter ses performances.
L’Intelligence Artificielle se présente à nous comme un nouvel eldorado, presque une révélation de quelque chose qui devait arriver, que la puissance des ordinateurs connectés annonçait. En fait une apocalypse, avec son lot de peurs et de promesses, dont on ne sait qui va triompher. L’I.A. n’est ni bien ni mal, …«si les hommes n’ont pas perdu le contact avec le sacré ou le divin», si ils ne se laissent pas abusés par le malin, le séducteur (voir la rencontre). Je crains cependant que ce supplément d’intelligence ne soit d’aucun secours pour pratiquer ou recevoir le soin de phonathérapie, car il demande une sensibilité, une réceptivité singulière à l’énergie. Un soin qui peut-être bien-être mais aussi un accompagnement spirituel (voir les témoignages).
En yoga, l’intelligence est budhi en rapport avec la sagesse, le discernement, cette capacité à ressentir et faire des choix éclairés, liés à l’intuition, à la conscience. Elle est subtile. Elle fait écho à ce que l’on nomme le corps subtil. Et seule la pratique permet d’éclairer pourquoi nous sommes connectés aux autres par la loi universelle qui nous relient aux cycles de vie, ce que l’ayurveda a bien compris.
L’Intelligence Artificielle a aussi la vocation à connecter, à agencer ensemble, mais des informations, des systèmes pour créer ou en reproduire la logique. Elle est sans doute un aboutissement qui associe puissance de calcul et mise en relation de données. Et donc un formidable outil que s’appropriera aisément le génération Z, née entre 2000 et 2010…, adepte du slow work, du «travailler moins mais mieux», car l’I.A. semble tout savoir faire…ou presque.
Aussi, fidèle à l’esprit ludique du JdY, qui aime associer tradition, innovation et créativité, nous avons voulu explorer, pour ce numéro, les outils de l’IA pour la génération de plusieurs images. La séance du mois, qui fête le printemps et propose de stimuler kapha, est entièrement illustrée par des images revisitées grâce à l’Intelligence Artificielle. Les images sont plus nettes, plus léchées, plus irréelles ! Vous nous direz si cela peut être une aide à se dés-identifier du modèle et à rester ancrer dans l’essence du yoga, … ou non ! Bonne lecture.