Édito

Changer de regard

Renaud Cellier à La Lila

S’il est difficile de prévoir le temps qu’il va faire dans une semaine, la réaction de votre adolescent ou les taux d’intérêt à court terme, on connaît à la virgule près le nombre de personnes qui seront âgées de 85 ans et plus en 2050, en France. Et pour cause : les baby-boomers nés entre 1945 et 1965 sont potentiellement les nonagénaires des années 2035-2055.

Par

Pourtant, c’est un phénomène qui n’a pas vraiment été anticipé. Durant l’actuelle décennie, le nombre des « 75-84 ans », va croître en France de 4 millions à 6 millions d’ici à 2030 (+ 50 %). Du jamais-vu dans l’histoire humaine ! Il s’agit bien d’une question sociale, pas seulement d’âge, qui concerne toutes les générations, les jeunes aussi (voir le dossier p18-21), les aidants….
Comme au temps de la Grèce antique, nous ne pensons pas que la vieillesse, si elle est inéluctable, soit une maladie, qu’elle relève d’une thérapie particulière (voir p. 20). Autrefois, les personnes âgées étaient incluses dans la cité, partageant la vie de tous, non pas exilées dans des ghettos et dans l’oubli. Nous n’avons pas oublié le révélateur du scandale Orpea.
Sans bien sûr nier les disparités sociales, ni la question de la dépendance, nombre de préjugés à ce sujet, véhiculés aussi bien par la société, les politiques que le corps médical, obsédés par l’allongement de la vie, par l’homme augmenté, nuisent à la tranquillité et à la vie sereine. Seulement 20 % des plus de 80 ans sont dépendants. Changer de regard sur cette période de vie, la voir comme une chance, une opportunité, accepter de ralentir. L’apport de la philosophie du yoga est déterminant. Si la méditation n’élimine pas la douleur, elle peut diminuer, voire supprimer la souffrance liée aux anticipations et aux ruminations, nous dit Antoine Lutz, neuroscientifique. Voir à ce sujet l’article d’Éric Baret (p. 27) et comment se construit la pensée pour le Kriya Yoga de Babaji (p. 24).

Un cœur joyeux guérit comme une médecine
Ambroise Paré (1510-1590)

Prendre soin de soi. S’alimenter autrement (voir p. 14). Pratiquer une activité physique à son rythme (voir 15-17). Développer une attitude « perceptive » (voir p. 9 la relation au parfum) ou « la Voie du Sentir » avec Luis Ansa (p. 32). L’étude de la Fabrique Spinoza (Voir p. 21), même si elle un peu institutionnelle, ouvre des voies positives et des idées alternatives, sur des expériences innovantes et bien réelles, concrètes, pour développer une autonomie dans cette société. Le montant des retraites, si l’on en a une, est souvent dérisoire et en dessous du seuil du vivre, ce qui oblige à innover sur la question de l’habitat par exemple (voir p. 23) et à réapprendre à vivre ensemble, à mutualiser nos moyens. C’est un véritable changement de paradigme auquel nous sommes appelés, joyeusement s’entend.
Car, pour Ambroise Paré également, chirurgien de la Renaissance et des rois, la joie est une source de renforcement du corps. À l’inverse, toute émotion négative risque d’avoir des conséquences fâcheuses.

Découvrez les annonces de cours, stages, séjours ou formations sur www.annuaireduyoga.com.

AY&A