
C’est l’été, il fait beau et chaud. Sur l’herbe fraîche, sur le sable… nous sommes de simples voyageurs suspendus à nos tapis volants, nous rappelle Colette Poggi Pas des grands sages ! Nous aimons nous raconter des histoires, certes un des plus beaux arts. Mais il semble bien que nous y croyons trop, à ces histoires, notamment sur nous-mêmes. Il y aurait même un consensus sur le fait que nous sommes éloignés de la réalité en regardant dans la « mauvaise » direction, à force de se croire une personne ou de feuilleter les réseaux digitaux. La présence du regard de Vimala Thakar sur l’illustration réalisée par Pauline interroge déjà la nature du réel. On sent qu’elle observe. Elle voit nos immenses préjugés et opinions sur le monde et nous-mêmes, sur l’imprégnation de nos conditionnements. Jean Bouchart d’Orval et Francesca Brugnoli eux aussi voient la réalité, radicalement, avec passion et elle est belle, parfaite même, disent-ils, sans réserve. Vous vous demandez peut-être, : « mais comment font-ils ? », vous qui ne voyez que chaos, tromperies, complots, guerres, décadence et domination… ! Et bien, justement, ils ne font rien ! Ils prônent le «sans effort». Cela questionne, nous qui nous agitons, conjecturons, analysons, comparons tout le temps…
Dans le désordre, mondial ou intérieur, il y a l’ordre pour celui qui voit. Il y a la vie. Vous ne pouvez détruire tous les conditionnements. Vimala parle d’observation, d’une perception sans implication psychologique. Elle dit aussi : Il n’y a rien à voir, à obtenir, rien à acquérir, rien à expérimenter, juste être avec soi-même. Ce serait cela, voir ? Jean Bouchart d’Orval le dit autrement : la prise de conscience, c’est voir que l’on voit mal. Pour Patricia Reppellin, le yoga est un chemin de compréhension. Dans la voie du Tao aussi ils voient. Ils voient l’énergie et eux aussi sont économes. Moins on la dépense, moins on agit, plus on est dans le temps de l’action (le Taiji Quan). Mais attention, la non-action n’est pas l’inaction. La pratique, oui, mais sans obstination… ou de bonne santé (voir la séance en extérieur « Le bal des oiseaux ». On retrouve cette énergie martiale dans l’immobilité ou la méditation : ce silence de l’esprit conditionné (Vimala). Avec ses mots, Hannah Arendt fait bien la différence entre l’Homo faber (celui qui fabrique) et la vie contemplative qui va vers le beau, la fameuse vie parfaite.
Le seul voyage serait alors intérieur, celui qui illumine la vie pour celles et ceux qui n’attendent rien ou qui, plutôt, s’attendent à tout – et même au pire, puisque c’est la même chose.
Penser le moins possible, simplement accueillir le talent de ses collaborateurs et lecteurs, c’est ainsi que votre Journal se tisse, qui vous souhaite un joyeux non-anniversaire !
Vous reprendrez bien une petite boisson pétillante fermentée, bien fraîche, très simple à préparer, nous dit Clémence. Bel été. ■