
Il y a déjà 25 ans que votre Journal parle du yoga sans jamais s’ennuyer ni avoir l’impression de tourner en rond.
Et vous savez pourquoi ? Car il arpente au fil des mois les recoins des mandalas de la vie, cette vision du vaste monde qu’ont les dieux, vu des cieux. Bien sûr aussi grâce à votre fidélité.
Les mandalas sont des miroirs, ils reflètent le monde.
Ces représentations artistiques contiennent l’univers tout entier et son mystère, une énigme dont Luc Bigé nous dit « que seule la conscience peut en faire l’expérience ». On tourne autour. Il y a dans ces cercles une telle densité qu’ils peuvent aussi servir de support à la méditation.
Dans notre société occidentale, il y a un phénomène d’édition récent qui nous a interpellés : la création de coffrets luxueux dits « Oracles », très imaginatifs et illustrés, avec des cartes à tirer, sur des thèmes divers, liés à la nature, au féminin sacré, aux déesses, aux sorcières, à l’ayurvéda, au yoga, à l’écologie … Pas encore à la musique Heavy Métal !. Chaque créateur d’Oracle souhaite (dans le meilleur des cas) récréer le monde, comme un mandala moderne, si l’on peut dire. Il s’agit d’un « jeu » créatif liée aussi à une pratique méditative, où l’acteur interroge l’oracle qui, en miroir, va venir refléter l’état de conscience de la personne concernée, à cet instant. On n’est pas dans la pensée magique, et nul ne promet le bonheur. Au travers d’un rituel, seul ou à plusieurs, sankalpa, concentration et tirage de cartes permettent à l’inspiration prophétique et poétique de se rencontrer. Les astrologues en Inde, décident bien de tout; pas seulement de la date de votre mariage, mais aussi du jour et l’heurede votre mort.
Bien sûr, on ne peut tirer sur l’herbe pour qu’elle pousse plus vite. C’est un principe de réalité, mais aussi une invite à la patience et une métaphore de la transformation. On ne médite pas pour se sentir bien mais pour découvrir ce qui est immuable en soi, nous dit l’École Yogakshemam. C’est comme le développement qui ne « peut » être qu’impersonnel.
On parle beaucoup d’ancrage dans le yoga, à juste titre, dans le yoga hormonal aussi et dans les Troubles des Conduites Alimentaires également. Mais une fois confortablement assuré dans sa posture, ne faudrait-il pas au contraire travailler sur un sol qui se dérobe, sur la perte de repères ? Cela pourrait nous aider dans un monde fluctuant où seuls l’imprévu et le changement sont certains ? Travailler dans ce sens requiert sans doute un moi bien ancré, qui ne soit pris de vertige au vent contraire. Il vaut mieux toujours être bien accompagné, n’est-ce pas, et si possible par des sages ! c’est justement ce que nous propose Bernard Bouanchaud (avec la posture) et Hajer Mabrouk & Raphaël Semeteys (avec la séance). Bonne lecture. ■ RC