Édito

C’est la rentrée

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Pourtant en ville, on ne voit quasiment plus d’enfants seuls dans la rue. D’après une étude de 2020, dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, 97 % des élèves d’élémentaire sont accompagnés pour se rendre à l’école, 77 % de ceux du collège. Dans l’antiquité, le pédagogue était l’esclave chargé de conduire à l’école les enfants de son maître. « Faites en sorte qu’il ne soit jamais seul. Faites-le accompagner par une personne de confiance » recommande aujourd’hui le Ministère de l’Intérieur (Note « Risques de la rue», en ligne), comme une sorte d’institutionnalisation des peurs collectives.

Vous souvenez-vous de l’âge auquel vous êtes sorti seul dans la rue pour la première fois ? Je me rappelle la fierté d’aller à l’école ou chercher le pain, seul à 5 ans à Paris.
L’apprentissage de l’autonomie, de la responsabilité est aussi une école de la liberté, de la bonne santé, et il n’y a bien sûr pas d’âge pour cela. Le yoga nous enseigne cette responsabilité de soi, qui est une vertu au sens de virtuosité (voir Alain Porte p. 4). Elle est aussi une voie d’immunité et de guérison.

«C’est en aveugle que l’on avance vers l’inconnu»
(anonyme)

Simon (voir rencontre p. 6-8) nous dit combien la physiothérapie, cette science de la santé au quotidien, apporte à son enseignement : la conscience de son corps dans l’action.
La pratique du yoga devrait être reconnue d’utilité publique et les professeurs également qui œuvrent remarquablement pour soutenir ce qui relève complètement de la santé publique : dans les hôpitaux (voir p. 19-20), dans les maisons médicales, ou encore avec les handicapés (voir p. 23). Ces aidants-là, remarquables, dans ces tâches essentielles d’accompagnement et de soins, « qui comptent réellement », participent à cette « économie de la reconnaissance » qui serait valorisée dans une société « post-croissance » (voir livre p. 28-29) ; ils dispensent un yoga d’entretien ou thérapeutique, en collectif ou en individuel. Le yoga peut être également social, notamment lorsqu’il s’adresse à des personnes défavorisées et vulnérables, parfois abimées par une vie de labeur (voir p. 21-22), et même, sorties de cette société de consommation.
Jacques Lusseyran est un phénomène ! Sa cécité ne l’a pas empêché d’être autonome. Au contraire ! (voir p. 9). Lui qui, aveugle à l’âge de 8 ans, a eu un fabuleux destin de voyant. Il nous montre jusqu’à quel point nos croyances et nos conditionnements nous limitent, alors que nous sommes justement « illimités », si nous goûtons à cette liberté.
Que la pratique du yoga soit de bonne santé, soit une gymnastique intelligente, thérapeutique ou une médecine complémentaire et sociale n’a jamais empêché de se poser la question « Qui suis-je », de s’ouvrir à l’inconnu et à la méditation, n’est-ce pas. Il n’y a pas de contradiction. À chacun son yoga.
Que le corps parle à l’âme, que la terre touche le ciel ne pose pas question
pour cette danse qui fête la vie, qu’elle s’appelle Kumbh Mela (voir p. 24-27),
ou simplement la vie elle-même, avec humour.
Bonne rentrée. ■

Renaud Cellier
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