Entretiens avec Jean Bouchart d’Orval
Et si vivre au Québec pouvait être un gage d’élégance, nourri de joie et du silence que la neige déploie l’hiver autour des maisons. Jean Bouchart d’Orval, dans son précédent livre, nous avait agréablement étonnés lorsqu’il nous racontait que le désir d’Ulysse de rentrer dans son palais, de revoir sa femme, était en fait l’image juste du retour à Soi. Celui-ci est différent, plus spontané car il est le fruit d’une conversation en ligne avec une quarantaine de participants, durant le printemps 2021. D’artiste à ingénieur, du beau au vrai, l’auteur, après cinq années d’immersion en Inde, est redevenu cet ingénieur artiste, qui ne fait plus de différence entre la vérité et le beau, pour autant qu’il s’agisse d’apprécier ce qui est là, au présent de la vie, au quotidien. Le feu crépite dans la cheminée. Entre l’expérience esthétique et l’expérience mystique, un mince filet les unit, dans l’écoute du concerto pour hautbois n° 2 en ré mineur d’Albinoni. Nous sommes des spectateurs de ce qui nous arrive. On regarde passer les trains, d’où l’importance de la qualité du regard. « Quand vous avez peur, vous ne faites qu’assister à la peur ». Il semble qu’il y ait, sinon un mensonge, une grande confusion au cœur de nos ressentis. L’état de veille, comparé à celui de sommeil ou de rêve, n’est pas celui qu’on croit dans notre rencontre avec la réalité. La vérité est ailleurs. L’auteur est pessimiste aussi sur l’état du monde, « l’âge sombre, très sombre » que voilent le confort matériel et la technologie, signifié par la gestion calamiteuse de la pandémie… mais qui annonce à coup sûr, mais pas pour tout de suite, le retour de la lumière, du grand vivant.
Éd. Almora. 2022. 264 p. 19 €
L’Émerveillement d’Être de