
de Zineb Fahsi
Le capitalisme néolibéral, celui qui a fait dire à Margaret Thatcher qu’il n’y a pas de société, seulement des individus, ne serait-il pas un trou noir qui absorbe tout, même les bonnes pratiques ? (Voir Rencontre). Ainsi le yoga, au moins celui présenté par les médias et pratiqué en Occident, serait récupéré et instrumentalisé pour devenir une pâle copie de lui-même, une simple pratique de développement personnel et de travail sur soi.
L’épanouissement de soi, quelque peu élitiste, donnerait à chacun toutes les bonnes raisons de s’éloigner de l’engagement collectif en vue de l’évolution et de la transformation sociale et politique. Les notions de liberté, d’autonomie, d’acceptation, d’impermanence, de résilience ou de dharma… seraient mal ou trop bien comprises et éloigneraient tout un chacun du terrain du social et du combat politique au bénéfice d’une hyperadaptabilité, bien commode pour le capital. En faisant reposer à 100 % la responsabilité du bien-être sur l’individu, plus zen, plus calme et finalement plus docile, la société et le politique s’en sortent bien.
Ce n’est sûrement pas faux. Mais sûrement peu nuancé dans ce livre, qui contient au fond un biais, une intention qui agace, appuyée par un aréopage d’éminents spécialistes, sociologues, historiens ou économistes… qui, tour à tour, viennent confirmer la thèse. Non dénué d’intérêt, ce livre a le mérite d’être critique dans un monde qui ronronne et a peu l’habitude de la remise en cause.
2023. 208 p. 18,90 €
Le Yoga, nouvel esprit du capitalisme de Zineb Fahsi 2023. 108p. 18,90€.