de Bhartrihari
Traduction et présentation par Alain Porte
Pour échapper aux pièges de la vie sociale, Il a choisi la « fuite » dans une grotte de montagne au fin fond des forêts. Lui qui était peut-être prince, courtisan dans une cour royale, dévasté par l’infidélité de son épouse. Peut-être, car poète fantôme du VIIe siècle ou légende. Les confessions de Bhartrihari, bien réelles, sont le témoignage vivant d’une époque, plus lyrique qu’anecdotique. Sa voix a traversé le temps sous la forme d’une trilogie : le premier thème traite de la sagesse, le second d’émois amoureux et le troisième du retrait, après une vie qui aurait été dissolue. C’est ce troisième recueil qu’Alain Porte a choisi de présenter et de traduire du sanskrit en nous donnant à entendre son âme, rien de moins. En 116 courts poèmes ou stances, dans cette retraite heureuse, cosmique, Bhartrihari continue néanmoins de s’interroger : « Est-il un intouchable ? / Est-il Brahman de naissance ? / Est-il un serviteur ? / Est-il un ascète ? / Ou bien est-ce un Maître yogi / Dont la pensée est rompue / À discerner le vrai ? / Et même est-ce quelqu’un ? » / Telles sont les questions qui surgissent / Dans la bouche étourdie des gens / Quand ils parlent des yogis / Qui poursuivent leur route / Sans s’offusquer de rien / Sans s’émouvoir de rien (poème 55). Détaché, le poète est d’une lucidité sans appel : Tigresse/ Est la vieillesse qui harcèle. / Les maladies, / En ennemies, nous attaquent le corps. / La vie / S’écoule comme l’eau / D’une jarre brisée… / Et néanmoins l’humanité / S’ingénie à mal faire, / Ça, c’est clair ! (poème 108) Et clairvoyant, à l’unisson avec ce très cher conteur, Alain Porte.
Éd. Almora. 2022. 252 p. 17 €
La voie du détachement, vivre par-delà les passions de