Dossier

Yogamrita

sabelle Moysan et Michèle Lefèvre associées

Yogamrita est une école de yoga bien connue, ex-adhérente de la FIDHY, qui dispense aujourd’hui des post-formations yoga & Ayurveda pour enseignants. Michèle Lefèvre, sa directrice, a bien voulu nous donner son point de vue sur l’enseignement du yoga aujourd’hui.

JDY enseigner le yoga, est-ce une profession, à l’heure où la moindre école aujourd’hui est certifiée QUALIOPI ?
Michèle Lefèvre En yoga, la qualité de la formation devrait toujours primer sur la quantité. Pourtant, on a parfois le sentiment que la certification Qualiopi est intégrée à une logique de « business plan », davantage destinée à remplir des sessions et à rentabiliser, qu’à servir l’enseignement. Le problème et la limitation des certifications, c’est que ces organismes sont plus tournés vers des procédures administratives. Il n’y a pas de réelle vérification de la pertinence des contenus de la formation, ni de la pédagogie. Or, la priorité, selon moi, devrait rester centrée sur la transmission, la profondeur et l’éthique pédagogique.

JDY Peut-on vivre du yoga ?
M.L. Je pense que chacun doit sentir ce qui est juste pour lui. Pour ma part, j’ai enseigné pendant plusieurs années à plein temps de manière bénévole. Puis, j’ai poursuivi l’enseignement du yoga en parallèle d’un autre travail, car cette pratique est toujours restée au cœur de ma vie, même à cette période. Revenir ensuite au yoga à plein temps s’est imposé comme une évidence. Mettre tout son temps, son énergie et sa présence dans ce que l’on souhaite transmettre permet de développer une plus grande expérience, une écoute plus fine. Vivre du yoga n’est pas simple  : cela demande beaucoup de travail, pour une rémunération souvent modeste. Mais on ne choisit pas d’enseigner le yoga pour « faire de l’argent ».

JDY Le yoga est-il en train de passer de mode ?
M.L. Il arrive que des personnes qui pratiquaient régulièrement le yoga arrêtent. Certaines évoquent des raisons budgétaires, dans un contexte économique tendu, ou encore le manque de temps, qui explique aussi partiellement le boom de la pratique du yoga en ligne. D’autres se tournent vers des pratiques psychocorporelles différentes.
Pour autant, je ne crois pas que le yoga soit en train de « passer ». Il fait profondément partie du patrimoine spirituel et vivant de l’humanité. L’être humain est en quête de sens, et le yoga lui propose ce défi intérieur d’explorer sa conscience supérieure tout en demeurant pleinement incarné. En revanche, il est vrai que les médias et le marketing ont parfois vidé le yoga de sa substance, le réduisant à une pratique de bien-être ou à une performance.

Revenir à plus d’authenticité

Une danse, une chanson, une technique peuvent se démoder, mais pas un chemin de transformation. La médiatisation du yoga a eu le mérite de le faire connaître, de le banaliser positivement — il n’est plus tabou aujourd’hui de dire que l’on médite ou que l’on fait du yoga. Il est donc naturel qu’après cet engouement, les choses se stabilisent et que l’on revienne à plus d’authenticité. Car la démarche yogique n’a rien de spectaculaire, et elle ne se prête pas si bien à la logique de consommation.
Le yoga, comme méthode de connaissance et de transformation, fonctionne depuis des millénaires. Il est probable que beaucoup de ceux qui l’ont abordé par effet de mode y reviendront un jour, portés par le souvenir d’une expérience marquante, même fugace. Une graine a été semée dans leur corps, dans leur esprit… et le moment venu — peut-être face à une épreuve ou à un besoin plus profond — ils se tourneront à nouveau vers un yoga plus intérieur, plus proche de l’essence.

JDY Quelle motivation pour se fédérer aujourd’hui ?
M.L. Je pense qu’au vu des difficultés actuelles liées à la profession et de la précarité ressentie par de nombreux enseignants de yoga, se regrouper au sein d’une structure collective est une initiative pertinente. À ce titre, je trouve le travail du SNPY particulièrement intéressant.
De mon expérience, la FIDHY nous a régulièrement tenues informées des évolutions touchant la profession — ce que nous n’avions pas toujours le temps de suivre nous-mêmes, prises par l’intensité des formations et des stages. Une fédération peut donc jouer un rôle concret et précieux pour les enseignants de yoga. Car même si nous sommes profondément engagées sur le chemin du yoga, nous restons confrontées à des réalités sociales, administratives et professionnelles. Dans ce contexte, le soutien, le pragmatisme et la veille d’une fédération peuvent vraiment faire la différence.

https://yogamrita.com

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AY&A


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